Les conséquences potentiellement néfastes de ces chatbots sur le processus de deuil ne doivent pas être sous-estimées.
Et si l’on pouvait, ne serait-ce qu’un instant fugace, retrouver la présence des êtres chers décédés? Cette question a certainement traversé l’esprit de quiconque a dû faire face à un deuil. Désormais, grâce à l’intelligence artificielle (IA), cette possibilité devient une réalité. Engager des dialogues avec eux, percevoir leurs sentiments, et les voir presque en chair et en os à travers des hologrammes ou des avatars est désormais envisageable. Cependant, quelles répercussions cela peut-il avoir sur notre bien-être? C’est précisément ce que s’est efforcé d’explorer The Conversation dans un article dédié.
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L’essor rapide de l’intelligence artificielle
En 2020, alors que Kim Kardashian célébrait son quarantième anniversaire, un événement insolite marquait cette journée mémorable : elle se voyait offrir un cadeau inattendu, sous la forme d’un hologramme de son défunt père. La star de la téléréalité, habituée aux surprises, ne pouvait retenir une expression mêlant étonnement et joie sincère.
Ce geste, bien que singulier, témoigne de l’avancée remarquable de l’intelligence artificielle au fil des ans. Grâce à des technologies telles que ChatGPT, des chatbots capables de mener des conversations convaincantes avec des individus, et le deep fake, permettant de manipuler des vidéos pour créer des illusions, il devient désormais envisageable de recréer des représentations virtuelles interactives de personnes décédées.
Cette convergence technologique ouvre des perspectives fascinantes, mais soulève également des questions éthiques et philosophiques profondes. La frontière entre le réel et le virtuel s’estompe, laissant entrevoir des implications complexes sur notre rapport à la mort, au deuil et à la mémoire.
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Revoir ses proches décédés ?
L’auteur de l’article, Nigel Mulligan, professeur en psychothérapie à l’école de soins infirmiers, psychothérapie et santé communautaire de l’Université de Dublin, exprime de vives inquiétudes quant aux répercussions potentielles de cette technologie sur la santé mentale des utilisateurs.
En particulier ceux en deuil.
Selon lui, ressusciter des personnes décédées sous forme d’avatars pourrait engendrer davantage de tort que de bien, en accentuant la confusion, le stress, la dépression, la paranoïa et, dans certains cas, même la psychose.
Quels sont les risques ?
Reconnaissant que ces deadbots pourraient offrir un réconfort temporaire aux personnes endeuillées en les aidant à renouer avec leurs proches décédés, le spécialiste met en garde contre les risques de dépendance émotionnelle. Selon lui, les deadbots interfèrent dangereusement avec le processus de deuil et pourraient éventuellement entraîner des hallucinations.
« Le deuil est un processus qui prend du temps et comporte plusieurs étapes s’étalant parfois sur plusieurs années », souligne-t-il, ajoutant que les fantômes-IA pourraient aggraver les difficultés des personnes en deuil et exacerber les problèmes associés.
Un autre danger, selon l’expert, réside dans les mots utilisés par les deadbots pour communiquer avec les personnes endeuillées, qui peuvent soit les blesser soit les mettre en danger. « Dans des cas extrêmes, si le fantôme-IA suggère à l’utilisateur de mettre fin à sa vie ou de causer du tort à autrui, cette situation pourrait sembler sortie d’un film d’horreur, mais elle n’est pas si éloignée de la réalité », met-il en garde, soulevant des hypothèses alarmantes.